Les inondations des années 2010 dans le département du Var en France sont des phénomènes récurrents de débordement de cours d'eau et de ruissellement urbain intense, d'une fréquence et d'une létalité inhabituelles. En dix ans de 2010 à 2019, cinquante-quatre personnes perdent la vie dans neuf événements météorologiques significatifs survenus dans ce département.
Dus à de forts cumuls de pluie provoqués par des épisodes méditerranéens, ces évènements se déroulent dans un contexte d'urbanisation dense des zones naturellement inondables et d'exposition des populations au risque.
Le premier événement et le plus grave de cette série d'inondations catastrophiques et meurtrières se produit le 15 juin 2010 dans l'est du Var et essentiellement dans le bassin versant de la Nartuby et la basse vallée de l'Argens en zone littorale. Plusieurs communes sont alors particulièrement touchées, Draguignan qui subit les pertes humaines les plus importantes, mais aussi d'autres villes et villages à l'amont et à l'aval, jusque sur le littoral. Avec vingt-sept morts et des dégâts matériels considérables, il s'agit de la cinquième plus grave catastrophe en France depuis 1940, parmi celles ayant pour cause un épisode méditerranéen.
Au cours de la décennie, le Var est à nouveau frappé par des inondations meurtrières, à huit reprises. Les années 2014 et 2019 sont les plus meurtrières, avec vingt personnes tuées au cours des quatre inondations survenues ces deux années, dont trois secouristes en mission. Circonstance exceptionnelle, l'année 2019 qui clôt la décennie a connu deux inondations meurtrières à seulement une semaine d'intervalle, ayant toutes deux justifié le passage du département en vigilance rouge par Météo-France, ce qui ne s'était jamais produit en France. D'autres inondations ont lieu au cours de la décennie, mais ne provoquent que des dégâts matériels.
La fréquence inhabituelle de ces évènements ne doit pas laisser croire qu'il s'agirait de phénomènes nouveaux. Beaucoup des inondations du passé ont également été meurtrières, alors que le département était beaucoup moins peuplé et urbanisé qu'aujourd'hui. Mais ces inondations ont été occultées par la mémoire collective, dans un département surtout préoccupé par son développement économique, urbain, touristique, au détriment de la sécurité publique, comme le soulignent les expertises produites à la suite de ces catastrophes.