Le siège de Godesberg, qui se déroule entre le 18 novembre et le 17 décembre 1583, est le premier siège majeur de la guerre de Cologne, qui ravagea l'électorat de Cologne de 1583 à 1588, et s'étendit aux provinces voisines.
La forteresse de Godesburg est défendue par les partisans de Gerhard Truchsess de Waldbourg, prince-électeur et archevêque de Cologne, qui est à la tête de l'électorat de Cologne, l'une des principautés ecclésiastiques du Saint-Empire romain germanique, et qui s'est converti au protestantisme. Gerhard, qui s'est marié, cherche à transformer la principauté ecclésiastique en une principauté civile et héréditaire, et a été excommunié par le pape Grégoire XIII. Un autre archevêque a été nommé, Ernest de Bavière, prince-évêque de Liège, qui cherche à éliminer Gerhard et à rétablir le pouvoir de l'Église catholique dans la principauté.
Réputée inexpugnable, la forteresse est établie sur un éperon rocheux escarpé, le Godesberg. Sa construction a commencé au XIIIe siècle et il s'agit donc d'un château fort de type médiéval. Au fil du temps, l'Électorat renforce les murs de la forteresse et réaménage ses tours. Au XIVe siècle, il y construit une petite résidence privée et un puissant donjon où sont conservées notamment les archives électorales. L'intérêt que porte l'Électorat à cette forteresse est compréhensible : elle occupe un emplacement stratégique, dominant la vallée du Rhin, et commande la route reliant Bonn, capitale politique de la principauté, et Cologne, sa capitale économique. Ce rôle stratégique, et l'importance et la puissance de la construction, en font l'un des symboles du pouvoir des princes-électeurs et archevêques de Cologne.
Toutes ces raisons expliquent que la forteresse soit convoitée par Ernest de Bavière et le camp catholique : la prise de la place forte serait un coup fatal porté à Gerhard et au camp protestant. En novembre 1583, les soldats et mercenaires bavarois encerclent l'escarpement rocheux au sommet duquel se dresse le Godesburg, et prennent le contrôle du village situé en contrebas, qui porte le même nom que l'escarpement rocheux, Godesberg.
La seule tactique utilisable par les assaillants est d'employer l'artillerie, dans des conditions défavorables et sans grand résultat. Alors que les défenseurs résistent tant bien que mal aux canonnades et qu'un assaut direct de la forteresse reste impossible, les Bavarois creusent une sape et font sauter les fondations du mur oriental. L'explosion tue sur le coup une dizaine d'hommes parmi les défenseurs du fort mais, paradoxalement, les décombres qui en résultent entravent la progression des assaillants, ce qui encourage la garnison à intensifier la défense du château. Les Bavarois prennent cependant le contrôle du fort après que quelques soldats aient réussi à pénétrer dans la cour intérieure du château par les latrines. Le commandant du Godesburg et quelques survivants se réfugient alors dans le donjon et menacent de s'en prendre aux prisonniers bavarois détenus dans les cachots. Le commandant obtient ainsi un sauf-conduit pour lui-même, sa femme et son lieutenant, tandis que les autres défenseurs du fort sont massacrés. Le mois suivant, Bonn tombe sous le contrôle des Bavarois.
À l'emplacement du village de Godesberg se trouve de nos jours la ville de Bad Godesberg, toujours dominée par l'imposant donjon du Godesburg qui a résisté au siège.