L'abbaye Saint-Pierre de Lobbes est un établissement monastique situé à Lobbes, en Belgique, fondé vers 654 et officiellement dissous en 1796.
L'abbaye est fondée sur la Sambre par saint Landelin, un brigand converti devenu ermite, lequel attire des sympathisants. L'oratoire construit à cet endroit fédère les disciples. Le premier abbé de Lobbes est Ursmer, qui y développe les bâtiments monastiques. Avec le second abbé de Lobbes commence l'activité intellectuelle du monastère. La bibliothèque va s'enrichir au fil des siècles.
Au VIIIe siècle, l'abbaye de Lobbes est léguée à l'évêché de Liège, qui en a acquis la temporalité de par l'influence de Charles Martel. Dès lors, l'abbaye de Lobbes jouera un rôle de première importance dans la vie de la principauté de Liège. Du Xe au XIIe siècle, l'abbaye constitue un des principaux centres intellectuels de l'Occident. L'histoire de l'abbaye est ensuite une longue suite d'événements alternativement fâcheux ou plus heureux, s'étalant sur près de 1 000 ans.
Les moments défavorables ont pour causes des comportements inappropriés (abbés usurpateurs ou commendataires, affaiblissement de la discipline monastique, incendies), des guerres locales et des pillages (mercenaires de tous bords ravageant l'abbaye pendant la guerre de Trente Ans, troupes françaises endommageant le monastère durant la guerre franco-espagnole), des invasions (Normands, cavaliers nomades venant de Hongrie), le climat (le froid excessif qui sévit parfois provoque des famines) et des épidémies (la peste bubonique décime la population exploitant les terres de l'abbaye).
On peut retenir des événements plus heureux, comme le Saint-Siège autorisant les abbés de Lobbes à porter les ornements pontificaux et leur accordant des privilèges protocolaires et organisationnels. Quand l'abbaye se dote d'un abbé bon administrateur, il ramène la paix, l'ordre et la discipline dans la communauté monastique, la prospérité conduisant à des travaux d’agrandissement et d’embellissement. On construit en 1576 une quatrième et vaste abbatiale ogivale.
La seconde moitié du XVIIIe siècle est catastrophique pour l'abbaye de Lobbes. D'abord, dans les Pays-Bas autrichiens, Joseph II réforme la liturgie catholique et supprime les confréries. Ensuite, la révolution liégeoise ayant poussé à l'exil le prince-évêque de Liège, l'armée autrichienne est entrée à Liège en 1791, puis les troupes révolutionnaires françaises sont arrivées, ce qui fut particulièrement dévastateur. L'abbaye est incendiée, endommagée et pillée, les 43 moines et le 81e et dernier abbé de Lobbes sont alors dispersés. L’abbaye est officiellement dissoute en 1796, et ce qu'il en reste est vendu comme biens publics.